HEROÏNES (sur ARTE) - Redonner une seconde chance
Et voilà une minisérie que pourrait vous intéresser
Le combat pour s'en sortir de quatre femmes dans une zone péri-urbaine ravagée par la crise... Filmée caméra à l'épaule, une minisérie en trois épisodes qui tire sur le vif un portrait de la France d'aujourd'hui, avec Romane Bohringer.
À Saint-Charles, entre champs de colza, grands ensembles et rues pavillonnaires, la crise n’épargne personne. Véritable aubaine pour le Parti national (PN), qui promeut son programme anti-immigrés à coup de revendications sociales, l'usine locale de lingerie vient de fermer. La pulpeuse Nathalie, qui venait de persuader la marque de commercialiser les modèles qu'elle avait conçus, ainsi que sa copine Selma et son mari, qui attendent leur troisième enfant, se retrouvent sur le carreau. Pour lutter contre la déprime, avec leur fidèle amie Céline et l'ancien délégué CGT de l'usine, elles organisent dans les locaux des combats de catch féminin le vendredi soir. Mais Selma a caché à ses copines son engagement au PN. Céline, elle, dissimule les fêlures de sa morne vie conjugale. À l'autre bout de la ville, une autre femme vit avec un secret : Agathe élève seule son fils Silver, sans voir qu'il est en train de dériver dangereusement. Femme de ménage à Paris et galérienne des transports, elle a besoin d'argent pour faire venir du Mali sa fille, Hawa. Alors, chaque semaine, elle se transforme sur le ring en Diabolica, dans l'espoir de remporter le tournoi de catch et sa cagnotte.
Chronique sociale
Tournée à Étampes, la minisérie d'Audrey Estrougo revendique l'héritage des chroniques sociales à l'anglaise. Le show en petite tenue des ex-ouvrières qui ouvre rituellement chaque combat de catch n'est d'ailleurs pas sans rappeler le strip-tease des gueules cassées de The full monty, qui a inauguré en 1997 une réjouissante suite de comédies du chômage. Âpre et généreux, ce récit profondément ancré dans la réalité de la France d'aujourd'hui, celle du surendettement et des licenciements, du Front national et de la délinquance en hausse, ne sombre pas pour autant dans le désespoir. À l'image de ses héroïnes, remarquablement incarnées par un quatuor d'actrices inspirées, Romane Bohringer en tête, il tient tête au marasme entre fous rires et coups de gueule.